Chapitre 7 : La faune

L’accumulation osseuse découverte lors des fouilles du remplissage de l’aven de Ranville constitue l’un des rares témoignages du peuplement mammalien durant le Pléistocène en Normandie. 698 vestiges ont été analysés, permettant la mise en évidence de la présence de huit espèces : l’Éléphant antique (Palaeoloxodon antiquus), le Rhinocéros de Merck (Dicerhorhinus mercki = Stephanorhinus kirchbergensis), l’Aurochs (Bos primigenius), le Cheval (Equus sp.), l’hydruntinien (Equus hydruntinus), le Cerf (Cervus elaphus), le Loup (Canis lupus) et le Renard (Vulpes vulpes). Le Cerf domine cette association, avec 9 individus dénombrés, suivi par l’Hydruntinus (4 individus), l’Aurochs (3 individus), le Cheval (2 individus), les autres taxons n’étant représentés que par 1 individu. Cette faune témoigne d’un paysage composé d’une mosaïque de forêts et de prairies sous un climat tempéré, elle est contemporaine de la dernière période interglaciaire du Pléistocène moyen corrélée avec le stade isotopique 7 vers 230.000/200.000 ans. L’étude taphonomique met en évidence qu’il s’agit d’une part d’une seule accumulation faunique, et que d’autre part l’origine au sein de l’aven semble bien être lié à l’effondrement du toit du karst sous le niveau d’occupation humaine qui se situait sur le plateau. L’Homme apparaît comme étant le principal agent responsable de la formation de la thanatocénose. L’occupation est apparemment de très courte durée et se situe durant l’automne. L’étude de l’assemblage met en exergue le rôle central du squelette de l’Éléphant, autour duquel s’articulent diverses activités essentiellement liées aux l’acquisition de nourriture. Les parties alimentairement les plus rentables de cet animal sont absentes, tandis que des quartiers de viandes provenant de plusieurs Aurochs et de Cerfs ont été apportés sur place. Une notable accumulation de bois de chute, conjointement avec plusieurs crâne de Cerfs portant encore leurs bois, est à signaler. Le site de Ranville, avant l’ouverture du karst, a du fonctionner en tant qu’aire de boucherie, avec récupération des parties charnues et fracturation des os longs pour en extraire la moelle.