Les marqueurs d’activités sur l’os humain fossile. Une tracéologie paléoanthropologique ?
p. 59-66
Abstracts
Le surfonctionnement musculaire engendré par la pratique de certains mouvements répétitifs, eux-mêmes intégrés dans un geste technique, d’ordre professionnel ou sportif, est susceptible d’entraîner chez l’homme actuel une réaction adaptative du tissu osseux au niveau de sites anatomiques électifs. Ces lésions sont parfaitement décrites dans le cadre de la pathologie sportive ou professionnelle actuelle. En partant de ces exemples, dans la mesure où la biomécanique générale du geste considéré n’a pas sensiblement varié au cours des millénaires, l'observation de lésions identiques sur des restes humains fossiles, tant qu’elle concerne l’Homo sapiens sapiens, permet dans certains cas de déduire le type d’activité à l’origine du mouvement répétitif causal. Ces marqueurs osseux d’activités constituent donc pour le paléoanthropologue des traces permettant, sous certaines réserves méthodologiques, de reconstituer les gestes et d’en interpréter leur fonction. Cette démarche, de la trace à la fonction, n’est pas fondamentalement différente de celle de la tracéologie. Les hypothèses formulées à partir des marqueurs d’activités doivent toujours, au départ, être confrontées aux données paléontologiques et préhistoriques pour conserver toute leur valeur. Une collaboration étroite de tous les spécialistes impliqués dans ce thème de recherches est à présent indispensable pour permettre de découvrir et interpréter de nouveaux marqueurs d’activités chez l’homme fossile, qui compléteront utilement les données obtenues par l’analyse tracéologique dans la recherche des gestes perdus.
Muscular overuse generated from practising some repetitive movements, themselves integrated into a technical gesture, of an occupational of sporting nature, is liable to entail in present man an adaptative reaction of the osseous tissue at the level of elective anatomic areas. These lesions are perfectly described in the field of present sporting or occupational pathology. On the basis of these examples, in so far as the general biomechanics of the considered gesture has not appreciably varied in the course of millennia, observation of identical lesions on fossil human bones, as long as it concerns Homo sapiens sapiens, allows us, in some cases, to infer the type of activities that produced the causal repetitive motion. These skeletal markers of activities are therefore considered by palaeoanthropologists as traces enabling reconstruction of gestures and interpretation of their function, with some methodological reserves. Such an approach, from trace to function, is not fundamentally different from that of usewear study. Those hypotheses formulated out of activity markers must always, at the beginning, be compared to palaeontological and prehistorical data in order to keep full value. At present, a close cooperation of all the specialists involved in this topic is necessary for new activity markers to be discovered and interpreted on fossil man, which markers will be a useful complement to the data obtained by use-wear analysis in the search for lost gestures.
Text
References
Bibliographical reference
Olivier Dutour, « Les marqueurs d’activités sur l’os humain fossile. Une tracéologie paléoanthropologique ? », ERAUL, 50 | 1993, 59-66.
Electronic reference
Olivier Dutour, « Les marqueurs d’activités sur l’os humain fossile. Une tracéologie paléoanthropologique ? », ERAUL [Online], 50 | 1993, Online since 31 July 2025, connection on 01 August 2025. URL : http://popups.lib.uliege.be/3041-5527/index.php?id=5042
Author
Olivier Dutour
CNRS, UPR 1201, L.G.Q. Case 907, 13288 Marseille Cedex 9, France ; UA 164, LAPMO, 13261 Aix-en-Provence, France