Les industries lithiques du Badegoulien

4. Techno-économie des équipements en silex, une première approche diachronique

p. 147-197

Résumé

Si A. Cheynier avait montré toute l’originalité des industries lithiques badegouliennes à partir des années trente (Cheynier 1930, 1939), et Vignard, dans cette droite ligne, tenté d’introduire l’emploi d’un nouveau terme (Vignard 1965), ce n’est qu’avec les travaux de J. Allain à l’abri Fritsch (Allain, Fritsch 1967) que ces industries furent séparées du Magdalénien stricto sensu. Pour cela, des différences d’ordre intentionnel (productions lithiques peu tournées vers l’obtention de lames mais plutôt vers celle d’éclats) et technique (utilisation des techniques de percussion pour le travail du bois de renne, s’opposant à la technique du double rainurage utilisée abondamment par les magdaléniens) furent évoquées, permettant d’aboutir à un consensus à l’occasion du colloque de Mayence tenu en 1987 : « Les caractères des industries postsolutréennes telles qu’elles apparaissent aux Roches de Pouligny- St-Pierre (Indre) et au Cuzoul de Vers sont par trop différents du Magdalénien proprement dit pour que ces industries soient maintenues dans cette entité. La plupart des congressistes se prononcent en faveur du terme “Badegoulien”, proposé depuis longtemps par J. Allain. » (Allain 1989)

Cette « officialisation » de la culture badegoulienne, alors porteuse d’une identité propre et, en l’occurrence, non magdalénienne, laisse, comme nous pouvons le constater, une place d’honneur au Cuzoul de Vers, découvert quelques années plus tôt. Comme le faisaient déjà remarquer les auteurs de la fouille, « [la] succession reconnue [Solutréen supérieur, Magdalénien 0, Magdalénien I] a certes été déjà signalée […], mais jamais avec un tel nombre de couches » (Clottes, Giraud 1989b). Ce n’est donc pas tant cet « étagement » Solutréen/Badegoulien qui constitua, et constitue encore, le motif de l’intérêt que nous portons à l’abri du Cuzoul de Vers – cette configuration se rencontrant relativement fréquemment, à l’échelle tant régionale (Les Peyrugues, Cassegros, Petit Cloup Barrat…) qu’extra régionale (Laugerie-Haute, Badegoule, abri Fritsch…) –, que l’opportunité, inégalée encore actuellement, que ce gisement offre à ceux qui se penchent sur lui de pouvoir appréhender l’évolution de cette culture à travers un peu plus d’un millier d’années.

Texte

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Citer cet article

Référence papier

Sylvain Ducasse et Laure-Amélie Lelouvier, « Les industries lithiques du Badegoulien », ERAUL, 131 | 2012, 147-197.

Référence électronique

Sylvain Ducasse et Laure-Amélie Lelouvier, « Les industries lithiques du Badegoulien », ERAUL [En ligne], 131 | 2012, mis en ligne le 09 December 2024, consulté le 10 January 2025. URL : http://popups.lib.uliege.be/3041-5527/index.php?id=1330

Auteurs

Sylvain Ducasse

Laboratoire TRACES (UMR 5608, UTAH, Toulouse), Maison de la Recherche – 5 allées Antonio Machado – 31058 Toulouse cedex 9

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Laure-Amélie Lelouvier

Laboratoire TRACES (UMR 5608, UTAH, Toulouse)

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