La « Transculturation » : un nouveau paradigme parmi les modèles de transition

p. 675-691

Résumés

Several models have been proposed to explain processes underlying the transition between different techno-cultural assemblages in prehistoric archaeology. These ‘transitions’ either represent phenomena of ‘gradualism’ connected to in situ evolution or ‘diffusionism’ by various ‘acculturation’ processes prone to external influences (direct loans) and necessarily implicating long-distance migrations of populations. Following a review of the original formulation of these two processes, an alternative paradigm is proposed – ‘transculturation’. Borrowed from ethnologists and introduced by F. Ortiz in 1940, this process is characterised by the integration (through indigenous re-interpretation) of external influences via indirect loans derived from intimate interpersonal contacts. In the sense of the term employed here, transculturation can take several different forms (imitation, assimilation, hybridisation, re-interpretation) that are better suited to accounting for the diverse transformations evident in the archaeological record. Contrarily to acculturation which imposes new (foreign) manners of doing things, transculturation reinvests the people hidden behind each techno-culture as the primary agents of their own transformation in that they may or may not be open to the diffusion of certain external ideas and have the possibility of re-interpreting them rather then suffering them.

En archéologie préhistorique, deux principaux modèles sont traditionnellement employés pour expliquer les changements observés entre les technocomplexes. Les « transitions » seraient essentiellement issues soit d’un « gradualisme » par évolution sur place, soit d’un « diffusionnisme » par « acculturation » qui prône des influences externes par emprunt direct nécessitant des migrations humaines sur de longues distances. Après un rappel des définitions princeps de ces deux processus, il est proposé ici un autre paradigme alternatif, à savoir celui de « transculturation ». Emprunté aux ethnologues, ce concept défini en 1940 par F. Ortiz, caractérise l’intégration par ré-interprétation autochtone d’influences allochtones par emprunt indirect issues de contacts de proche en proche. À notre sens, la notion de transculturation pouvant se décliner à plusieurs degrés (imitation, assimilation, hybridation, ré-interprétation, etc.) rend mieux compte des diverses transformations observables dans les registres archéologiques. De plus, contrairement à l’acculturation qui impose une nouvelle manière (étrangère) de faire, la transculturation redonne la primauté aux ensembles technoculturels d’être les propres acteurs de leur transformation en étant réceptifs ou non à certaines diffusions d’idées externes, en ayant la possibilité de les nuancer au lieu de les subir.

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Citer cet article

Référence papier

Foni Le Brun-Ricalens, « La « Transculturation » : un nouveau paradigme parmi les modèles de transition », ERAUL, 140 | 2014, 675-691.

Référence électronique

Foni Le Brun-Ricalens, « La « Transculturation » : un nouveau paradigme parmi les modèles de transition », ERAUL [En ligne], 140 | 2014, mis en ligne le 22 November 2024, consulté le 10 January 2025. URL : http://popups.lib.uliege.be/3041-5527/index.php?id=362

Auteur

Foni Le Brun-Ricalens

Service d’Archéologie préhistorique, Centre National de Recherche Archéologique, 241 rue de Luxembourg, L-8077 BERTRANGE, G.-D. de Luxembourg

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