Stratégies d'acquisition des grands mammifères au Très Ancien Paléolithique
Les données fournies par le gisement de Soleilhac (Haute-Loire, France)
p. 299-307
Résumé
Pour distinguer une activité de chasse du charognage, les archéozoologues ont multiplié les méthodes d'analyse des restes fauniques. Au travail paléontologique s'ajoutent les fréquences des parties du squelette par espèce et la répartition des ossements à travers le site, ainsi qu'une description et une localisation des différentes traces apparentes à la surface des os. Le gisement de Soleilhac a livré sur un seul niveau une industrie archaïque, essentiellement sur éclats, et des restes fauniques peu nombreux dominés par Praemegaceros/Cervus sp. et Palaeoloxodon antiquus. Les deux groupes s'opposent constamment dans les observations : les cervidés sont surtout représentés par leur squelette appendiculaire, les proboscidiens presque exclusivement par leur squelette axial et crânien. Quelques traces d'activités anthropiques sont identifiables sur les os des cervidés, mais aucune ne l'est sur ceux des éléphants. Enfin, à l'éparpillement des restes des cervidés à travers tout le site, s'oppose très nettement la concentration des vestiges des éléphants dans et à proximité de la structure qui forme un aménagement plus ou moins régulier en blocs de basalte. Ces remarques laissent supposer que les hommes capturaient les cervidés entiers pour en exploiter toutes les ressources alimentaires avec, surtout une extraction extrêmement poussée de la moelle et ne ramenaient au contraire sur le site de Soleilhac que quelques pièces de carcasses de Palaeoloxodon antiquus déjà décomposées qu'ils utilisaient comme éléments de construction. L'acquisition des cervidés (12 individus, jeunes adultes pour la plupart) et des éléphants (4 individus, tous âgés) traduit un comportement d'opportuniste, mais sans la connotation péjorative de charognard. Les hommes de Soleilhac récupéraient des animaux entiers vraisemblablement enlisés aux abords du site et quelques grosses pièces des carcasses d'éléphant pour compléter la structure.
Texte
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Référence papier
Philippe Fosse, « Stratégies d'acquisition des grands mammifères au Très Ancien Paléolithique », ERAUL, 51 | 2000, 299-307.
Référence électronique
Philippe Fosse, « Stratégies d'acquisition des grands mammifères au Très Ancien Paléolithique », ERAUL [En ligne], 51 | 2000, mis en ligne le 18 March 2025, consulté le 11 April 2025. URL : http://popups.lib.uliege.be/3041-5527/index.php?id=3139
Auteur
Philippe Fosse
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