Résumé

Les gisements aurignaciens de Belgique, quoique relativement nombreux et bien concentrés, ne peuvent fournir actuellement une chronologie relative à cause des fouilles anciennes dont ils firent l'objet. D’autre part, les faciès sont difficiles à discerner car différents niveaux y ont été mélangés.

Les industries aurignaciennes de Belgique sont séparées provisoirement en deux groupes sur la base de leur composition typologique et technique. Le premier groupe comporte de nombreux grattoirs à museau (à front épais), des grattoirs carénés, de nombreux burins (surtout des burins dièdres, relativement peu de burins carénés, dont ceux du style des Vachons, et moins encore de burins busqués). Dans deux des gisements de ce groupe apparaissent des pointes à retouches plates. L’industrie des matières osseuses et spécialement de l’ivoire y est bien développée. Les pointes de sagaie à base fendue et les sagaies en ivoire à base pleine caractérisent ce groupe. Les pendeloques d'ivoire et les os encochés (surtout des tubes) y apparaissent.

Le second groupe présente un outillage plus léger que le précédent. Il comporte peu de grattoirs à museau, des grattoirs carénés atypiques et de nombreux burins busqués et carénés. L’outillage osseux est moins développé et présente des pointes en os à base pleine (forme losangique ou triangulaire.

L’industrie aurignacienne est intrusive en Belgique bien que certains traits l'apparentent au Charentien local. Les comparaisons les plus étroites se font avec la Rhénanie et avec l’Angleterre, ce qui nous fait imaginer une zone culturelle orientée d'est en ouest dans laquelle la région belge occupe le centre.

Les gisements aurignaciens de Belgique sont situés exclusivement dans 1a partie sud du pays, c'est-à-dire dans le bassin de la Meuse (pl. I ).

Les traces d’une occupation aurignacienne ne sont connues que dans les grottes et abris abondants dans les terrains primaires de cette région. La concentration formée par les gisements belges se trouve relativement isolée par rapport aux sites étrangers 1es plus proches (pl. II ). C'est pourquoi, bien que certains liens existent avec les séquences établies dans les régions limitrophes, les industries aurignaciennes de Belgique présentent des particularités.

La plupart des sites aurignaciens ont été fouillés très anciennement, surtout lors des travaux de Édouard Dupont dans les années 1860 (grottes de Goyet, Trou Magrite, Hastière) et de De Puydt à Spy en 1885. Il n'existe pas de fouille récente et méthodique dans les gisements de cette période. Ainsi, non seulement les données sur l’environnement, la chronologie et la palethnographie font presque toujours défaut mais, de plus, le matériel des différents niveaux a été fréquemment mélangé et l'ensemble de la documentation n'a pas toujours été recueilli. Cette étude ne peut donc fournir de données statistiques ni même présenter la composition complète d'une de ces industries. Cependant, quelques gisements n'ont connu pendant le Paléolithique supérieur que l'occupation aurignacienne (grotte de la Princesse à Marche-les-Dames, Trou du Renard, Trou du Diable à Hastière). Ils permettent ainsi de se rendre compte de l’équilibre interne de certains outillages. Nous serons donc le plus souvent obligé de nous limiter à des descriptions morphologiques ou techniques pour livrer une image approximative de l'Aurignacien belge et de ses faciès. D'autre part, il nous semble intéressant de relever la présence d’objets rares en particulier ceux qui appartiennent à la catégorie des témoins non-utilitaires (os encochés, pendeloques, etc.).

Texte

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Référence papier

Marcel Otte, « L’Aurignacien en Belgique », ERAUL, 13 | 1983, 64-79.

Référence électronique

Marcel Otte, « L’Aurignacien en Belgique », ERAUL [En ligne], 13 | 1983, mis en ligne le 10 December 2024, consulté le 10 January 2025. URL : http://popups.lib.uliege.be/3041-5527/index.php?id=1443

Auteur

Marcel Otte

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