Les capacités phonatoires des Hommes de Néandertal
Un essai de reconstitution des potentialités vocaliques
p. 243-249
Résumés
Malgré leur aptitude évidente à communiquer, un certain nombre de réserves ont été formulées concernant les capacités phonatoires des Hommes de Néandertal. Ces réserves reposaient essentiellement sur des considérations anatomiques erronées selon lesquelles le larynx était situé trop haut pour permettre la réalisation des contrastes vocaliques maximaux de type [i, a, u] : les Néandertaliens étaient alors supposés ne pas posséder cette base anatomique ce qui réduisait leurs capacités phonatoires, et de ce fait aurait pu entraîner leur disparition. La reconstitution du conduit vocal à partir du crâne osseux peut être obtenue en estimant la ahuteur verticale et la longueur de la partie antérieure du conduit vocal. Le rapport de ces deux dimensions peut être interprété comme indicateur de croissance et d’évolution. Une nouvelle reconstitution du crâne néandertalien de la Chapelle-aux-Saints a permis de restituer les rapports anatomiques naturels et de montrer que la position de la tête et la base du crâne était comparable à celle de l’Homme moderne ce que confirme la découverte de l’os hyoïde de Kebara. De plus, on a pu démontrer qu’un conduit vocal présentant un larynx en position haute, et donc un petit pharynx comme celui du nouveau-né, peut produire un espace vocalique de type [i, a , u] tout aussi important qu’un adulte ayant un larynx en position basse et donc un pharynx plus volumineux. Si un homme au stade adulte avait un larynx en position haute à la suite d’une croissance linéaire de son conduit vocal, il aurait de la même manière, un espace vocalique tout aussi important. En conséquence, même si les Néandertaliens avaient un larynx en position haute, ce qui n’est vraisemblablement pas le cas, ils pouvaient produire les mêmes voyelles que l’Homme moderne.
The potential ability to produce speech constitutes a key component in the description of Neandertals and teir relationships with Homo sapiens. A widespread hypothesis postulates that they did not have the anatomical prerequisites for producing the full range of modern human speech. According to this theory, the ability to utter contrasted wowels, and hence the possibility to develop speech during the course of human evolution, needed a large pharyngeal cavity and thus a sufficiently low pharynx position. It would follow that the vocal tracts of Neandertals, but also chimpanzees and human neoantes, with a short pharyngeal cavity relative to the oral cavity, cannot produce the acoustic range required for human speech. In this paper, we simulate the acoustic consequences of the trade-off between oral and pharyngeal cavities. We demonstrate that the Neandertall vocal tract could produce all the wowels of the world’s langages, with either a high or a low larynx. We conclude that there is no reason that the lowering of the larynx and the concomitant increase in pharynx size were a necessarly evolutionary pre-adaptation for the production of speech.
Texte
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Référence papier
Jean-Louis Heim et Louis-Jean Boë, « Les capacités phonatoires des Hommes de Néandertal », ERAUL, 111 | 2005, 243-249.
Référence électronique
Jean-Louis Heim et Louis-Jean Boë, « Les capacités phonatoires des Hommes de Néandertal », ERAUL [En ligne], 111 | 2005, mis en ligne le 19 June 2025, consulté le 06 July 2025. URL : http://popups.lib.uliege.be/3041-5527/index.php?id=4411
Auteurs
Jean-Louis Heim
Muséum National d’Histoire Naturelle, Institut de la Communication Parlée, INPG-Université Stental, UMR CNRS 5009
Louis-Jean Boë
Muséum National d’Histoire Naturelle, Institut de la Communication Parlée, INPG-Université Stental, UMR CNRS 5009