Espace d’habitation, espace d’enterrement, espace graphique

Il y a quelques années nous avions déjà proposé d’analyser le rapport local qui existe entre les diverses manifestations humaines à l’intérieur des grottes habitées aux temps paléolithiques. Notre intention finale consistait à savoir s’il existe un comportement suffisamment généralisé et reconnaissable qui nous permettrait d’organiser les différents espaces d’activité intérieure, et de les distribuer fonctionnellement, ou bien si cette distribution fonctionnelle ne serait qu’un reflet exclusif de notre besoin de diviser la réalité historique afin d’organiser notre connaissance. Notre intention était, en ce sens, de mettre en rapport les espaces décorés qui appartiennent à une série de grottes cantabriques remarquables, telles qu’Altamira, La Pasiega, La Garma, La Lluera ou Tito Bustillo, des endroits ou les décorations se trouvent du point de vue spatial unies aux zones d’habitation dans une proximité topographique absolue. Nous avons alors pris le groupe XI de Tito Bustillo comme l’exemple d’un grand espace décoré et, à la fois, habité, de l’ensemble d’Ardines. Notre prétention actuelle est de le prendre comme base d’un rapport possible avec un autre comportement remarquable : celui qui est destiné aux morts, dont la condition spéciale, en rapport avec les ancêtres du groupe, pourrait proposer un traitement différent, ainsi qu’une utilisation différente de l’espace des cavernes. Il n’est pas fréquent de trouver des restes humains appartenant au Paléolithique Supérieur à l’intérieur des grottes. D’ailleurs, quand on les trouve, ils apparaissent parfois enterrés consciemment, ou bien dans d’autres situations , qui vont de leur mélange avec des restes de nourriture jusqu’aux restes incomplets déposés de différentes manières, qui ne sont pas toujours évidentes. Les restes humains qui apparaissent dans la Corniche Cantabrique ne sont pas très abondants et, de par ce que l’on sait jusqu’à présent, il semble qu’il n’existe aucun système de positionnement spatial qui leur serait propre, et qui pourrait les isoler des endroits quotidiens. Encore une fois, les différents comportements que l’on peut établir pour diviser l’activité générale des individus pendant le Paléolithique Supérieur ne correspondent pas à des espaces différents attribués par le groupe culturel, et il faut les aborder comme la partie d’une totalité indivisible, sans faire des compartiments nettement différenciés.