Les stratégies de transport d’outils dans un contexte résidentiel : un exemple du Paléolithique moyen

Pendant les dernières années, plusieurs travaux ont concerné l’influence des stratégies de transport dans la variabilité des restes archéologiques, surtout en ce qui concerne les assemblages lithiques. Ces travaux ont souvent montré que les produits destinés à être déplacés ont des caractéristiques différentielles, lesquelles peuvent définir deux catégories de témoins au sein des assemblages lithiques : ceux qui ont été transportés d’autres sites, et ceux qui ont été produits et abandonnés dans le gisement étudié. Ces deux catégories de vestiges ont une tendance à montrer des différences technologiques, typologiques et lithologiques. Cependant, la complexité des modalités d’introduction des ressources lithiques peut être masquée si on prend comme unités d’analyse de large assemblages lithiques, dans la formation desquels a pu contribuer un nombre indéterminé, mais généralement élevé, d’épisodes d’introduction. Cette étude a pour but la reconstitution des stratégies de sélection et de transport à partir de l’identification d’épisodes de déplacement individuels. L’assemblage analysé provient d’un des niveaux du Paléolithique moyen fouillés récemment dans le gisement de l’Abric Romani (Capellades, Espagne), le niveau L,daté par U/Th de 52 ka BP. La fouille sur une grande surface (plus de 200 m²) et les études de répartition spatiale réalisées sur ce niveau ont permis de caractériser une organisation de l’espace basée sur la présence de différentes zones d’accumulation de vestiges associées aux foyers et interprétées comme des aires domestiques, similaires à celles décrites par l’ethnoarchéologie appliquée à des chasseurs-cueilleurs actuels. Ceci nous a permis de situer les stratégies de transport dans un contexte résidentiel et d’aborder la variabilité contextuelle des comportements et des assemblages archéologiques en réslutant.