Ressources en silex au Paléolithique supérieur dans le Massif central : réseaux locaux et approvisionnements lointains revisités

p. 403-435

Abstracts

The southern French Massif Central has been considered a hostile land for human populations during interglacial and inter-stadial times but has for decades been a privileged field for the study of human movement. Once believed to be devoid of flint nodules suitable for blade production, this region in fact shows an unsuspected wealth of exploitable materials suitable for stone tool production. Although it is true that primary outcrops of flint are few and have restricted surface exposures they are however, now well characterized. Detrital formations coming from the old alluviums of the Loire, Allier and Truyère rivers also supply an abundant stock of geo-materials that were also exploited during the various occupation phases of the region. A renewed methodology based on the principle of an evolutionary chain of silicification, well proven for the Middle Palaeolithic, was applied exhaustively to three archaeological series belonging to the Upper Palaeolithic ; the lithic assemblages of Chauvet cave in the Ardèche, the Proto-Magdalenian of Le Blot rockshelter and the Badegoulian of Le Rond-du-Barry cave both in Haute-Loire. Preliminary results do not confirm the previous observations for the sources of lithic raw materials first proposed in the 1980s for Upper Palaeolithic sites in the Massif Central. Exploitation behaviours for the supply of raw materials vary in accordance with the temporal differences in the cultures. In Chauvet cave, there is a wider acquisition zone for the lithic artefacts compared with that commonly attributed to the Middle Palaeolithic of the Ardèche. The Proto-Magdalenian of le Blot rockshelter in the Massif Central shows that entire flint nodules were transported to the site from the south-west margins of the Paris Basin (Indre-et-Loire and Loir-et-Cher), more than 250 km distant from the Velay site. This suggests that excursions were made into territories further afield than those normally frequented. The Badegoulian occupation of le Rond-du-Barry exploited a local lithic spectrum similar to the one studied at the adjacent Middle Palaeolithic Sainte-Anne I cave site. However, to the local and semi local material is added a variable component of flint from a very distant locality (Loir-et-Cher), illustrating an understanding of the resources available from two distinct and separate environments and planned exploitation of a vast territory.

Le sud du Massif central, réputé terre hostile de peuplement interglaciaire et interstadiaire, est depuis des décennies un terrain privilégié pour l’étude des déplacements humains. Considéré par certains auteurs comme dépourvu de silex de modules propices à une production laminaire, ce terrain se révèle a contrario d’une richesse insoupçonnée en matériaux exploitables. S’il est vrai que les gîtes primaires (silex à l’affleurement), maintenant bien caractérisés, y sont peu nombreux et de superficie restreinte, les épandages détritiques issus des alluvions anciennes de la Loire, de l’Allier et de la Truyère fournissent une réserve abondante en géo-matériaux, exploitée lors des différentes phases d’occupation de l’espace régional. Une méthodologie renouvelée fondée sur le principe de chaîne évolutive des silicifications et ayant fait ses preuves pour le Paléolithique moyen, a été appliquée de façon exhaustive à trois séries « emblématiques » du Paléolithique supérieur régional : l’assemblage lithique de la grotte Chauvet en Ardèche, le Protomagdalénien de l’abri du Blot et le Badegoulien de la grotte du Rond-du-Barry en Haute-Loire. Les premiers résultats renouvellent la vision des approvisionnements en silex proposée depuis les années 1980 pour le Paléolithique supérieur du Massif central. Les comportements d’approvisionnement sont différents selon les cultures considérées. À la grotte Chauvet, on note une augmentation des distances de circulation des objets lithiques par rapport à celles définies à partir des séries moustériennes d’Ardèche. Les Protomagdaléniens du Blot pénètrent dans le Massif central avec des rognons de silex provenant des marges sud-ouest du Bassin parisien (Indre-et-Loire et Loir-et-Cher), situées à plus de 250 km du site vellave et donnent l’image d’une expédition en territoire inconnu. En revanche, les Badegouliens du Rond-du-Barry exploitent un spectre minéral local similaire à celui retrouvé dans l’occupation néandertalienne de la grotte de Sainte-Anne I toute proche ; à cette part de matériaux locaux et semi-locaux vient s’ajouter une composante variée de silex d’origines très lointaines (Loir-et-Cher), illustrant une parfaite connaissance de deux territoires distincts et évoquant une exploitation réfléchie et intégrée de deux zones d’un vaste domaine approprié.

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References

Bibliographical reference

Vincent Delvigne, Paul Fernandes, Michel Piboule, Audrey Lafarge, Jean-Michel Geneste, Marie-Hélène Moncel and Jean-Paul Raynal, « Ressources en silex au Paléolithique supérieur dans le Massif central : réseaux locaux et approvisionnements lointains revisités », ERAUL, 140 | 2014, 403-435.

Electronic reference

Vincent Delvigne, Paul Fernandes, Michel Piboule, Audrey Lafarge, Jean-Michel Geneste, Marie-Hélène Moncel and Jean-Paul Raynal, « Ressources en silex au Paléolithique supérieur dans le Massif central : réseaux locaux et approvisionnements lointains revisités », ERAUL [Online], 140 | 2014, Online since 21 November 2024, connection on 10 January 2025. URL : http://popups.lib.uliege.be/3041-5527/index.php?id=280

Authors

Vincent Delvigne

UMR 5199 PACEA, Université Bordeaux 1, France

By this author

Paul Fernandes

SARL Paléotime, France

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Michel Piboule

Institut Dolomieu, OSUG, Université Joseph-Fourier, France

Audrey Lafarge

UMR 5140, Archéologie des sociétés méditerranéennes, Université de Montpellier, France

Jean-Michel Geneste

Centre National de Préhistoire, Périgueux & UMR 5199, PACEA, Université Bordeaux 1, France

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Marie-Hélène Moncel

Département de Préhistoire, Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS, Institut de Paléontologie humaine, France

Jean-Paul Raynal

UMR 5199 PACEA, Université Bordeaux 1, France

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