Églises liégeoises en chantier au XIII^e et au XIV^e siècle

L’architecture religieuse liégeoise a déjà suscité de nombreuses publications. L’histoire des différents bâtiments semble donc bien connue et l’opportunité de nouvelles études fait rarement l’unanimité. et pourtant, les dernières décennies ont vu une évolution significative des méthodes de l’histoire de l’architecture. Ainsi, l’étude des charpentes, et la dendrochronologie en particulier, a révolutionné l’archéologie du bâtiment. Des chronologies anciennes, apparemment solidement établies, durent être modifiées, avec comme conséquence une évolution architecturale souvent sensiblement corrigée. Le regain d’intérêt pour l’archéologie des techniques a inévitablement entraîné l’archéologue du bâtiment sur de nouvelles voies. sans nier l’intérêt des études stylistiques anciennes, il est maintenant admis que l’édification d’un bâtiment est toujours un processus complexe nécessitant non seulement une décision du maître de l’ouvrage et le financement nécessaire, mais aussi une organisation appropriée du chantier tenant compte de la disponibilité en ressources naturelles, des possibilités techniques pour leur adaptation au besoin du chantier et, enfin, des solutions adoptées pour la mise en oeuvre dans les maçonneries des différentes parties de l’édifice.

Cette contribution présente un premier bilan des dernières recherches effectuées dans le but de mieux comprendre l’évolution et les caractéristiques technologiques de grands chantiers liégeois du XIII^e et du XIV^e siècle. Le début du XV^e siècle sera également évoqué. Quatre domaines seront successivement abordés : la dendrochronologie et l’archéologie des toitures, la nature des matériaux pierreux, les techniques de taille et de mise en œuvre leur appliquées, et l’étude archéologique de l’élévation. Il s’agit inévitablement d’un status quaestionis, ce qui signifie que les observations présentées ici devront être complétées et les hypothèses émises éventuellement modifiées dans les années à venir.